Auteur: Amirouche
Date: 2002-02-25 10:57:22
Communiqué
Menaces contre Salem Chaker
Salem Chaker, éminent professeur de berbère à l¹Inalco (Paris), est une nouvelle fois la cible de menaces de mort.
En avril 2001 déjà, alors qu¹il s¹apprêtait à rejoindre l¹université de Béjaïa où se tenait un colloque consacré au domaine berbère, il recevait de très sérieuses menaces où on lui promettait son "extermination à l¹arme blanche" ainsi que celle de tous les "franc-berbéristes". Or, depuis février ces menaces prennent un cours plus inquiétant puisque, au moment où Salem
Chaker annonçait sa participation à une rencontre scientifique en Kabylie, sa famille reçoit, par deux fois, des appels téléphoniques contenant des menaces de mort non équivoques.
Nonobstant ces intimidations, le professeur Chaker maintient son voyage en Kabylie. Mais, à son arrivée en Algérie, Salem Chaker est «interrogé» par les agents de police de l¹aéroport sur la nature de son séjour et, à son retour, il est victime d¹une voie de fait par laquelle il est retenu aux frontières motif pris de ce qu¹il ferait l¹objet d¹un prétendu avis de
recherche. Au vu de ces éléments, il ne fait aucun doute sur les auteurs des précédantes menaces. Alors qu¹on aurait pu penser qu¹elles émanent des intégristes islamistes, tout pousse à croire, qu¹à la vérité, elles sont le fait des autorités algériennes elles-mêmes, lesquelles, pour semer le
trouble et la terreur, recourent très régulièrement aux diversions islamistes.
En effet, Salem Chaker, eu égard à sa réflexion politique et
sociolinguistique, constitue une des sources les plus productives de contestation de l¹idéologie officielle, et de la forme politique et institutionnelle de l¹Etat algérien. Ses positions en faveur de la langue berbère et, récemment, en faveur de l¹autonomie de la Kabylie qui suscitent
une adhésion massive, ne pouvaient manquer d¹inquiéter le pouvoir en place. Lequel, en empruntant de la voix traditionnelle de l¹autorité, vise encore une fois, à l¹écrasement de toute discussion qui porterait sur sa légitimité
et ses fondements idéologiques.
Tout en saluant le courage et la détermination du professeur Salem Chaker, nous dénonçons solidairement toutes les pratiques visant à l¹intimidation des militants et des intellectuels Kabyles.
Tamazgha
Paris, 23 février 2002
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