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Le Blog
Interview du Webmestre sur France3
 liberation: Situation en kabylie
Auteur: Ullial 
Date:   2001-04-30 10:13:34


SOIXANTE MORTS EN KABYLIE

ls ont 18, 23 ou 27 ans, rarement plus, et ils continuaient, hier, à tomber sous les balles en Kabylie. Au total, une soixantaine de personnes ont été tuées et plus de 300 blessées depuis le début des émeutes qui ont secoué cette région, après qu'un jeune lycéen eut été tué dans un poste de gendarmerie le 18 avril. Il est cependant très difficile d'en établir un bilan précis: les téléphones sont souvent coupés, les villages encerclés par les forces de l'ordre, les routes barrées par les émeutiers... Les habitants de la région espéraient que la journée de samedi - qui aura été la plus sanglante avec une trentaine de victimes - serait la dernière. Cela n'a pas été le cas. En effet, les émeutes se sont poursuivies dimanche dans toute la Kabylie, mais les affrontements avec les forces de sécurité ont été nettement moins meurtriers.

Batailles rangées. A Béjaïa, des heurts violents ont cependant opposé la police antiémeute à des manifestants qui voulaient se rendre à la wilaya (préfecture) pour y déposer une déclaration demandant notamment le retrait de la gendarmerie en Kabylie et son remplacement par un autre service de sécurité. Arrêts d'autobus saccagés, lampadaires brisés, barricades érigées en plusieurs points, magasins fermés, à l'exception de quelques boulangeries: la ville semblait sortir d'une insurrection. A Tizi Ouzou, des batailles rangées ont opposé dans la matinée de jeunes émeutiers cagoulés aux policiers qui ripostaient à coups de lacrymogènes. A Aïn el-Hammam, une femme a été tuée par les tirs d'un gendarme, alors qu'elle était sur son balcon. A Benni Yenni, les forces de l'ordre ont ouvert le feu contre des manifestants, tandis que des rassemblements avaient lieu près de Sétif et à Bouira. «On a malgré tout l'impression de souffler après le cauchemar d'hier», se réjouissait un étudiant de Tizi.

C'est en effet une véritable intifada qui a secoué la Kabylie samedi. Les appels au calme lancés de toute part n'y auront rien changé. Pas plus que l'annulation par le FFS (Front des forces socialistes, opposition) des deux «marches pacifiques» auxquelles il avait appelé à Tizi Ouzou et à Béjaïa «contre l'injustice et l'impunité». «Des informations sérieuses et concordantes [nous sont parvenues], selon lesquelles des cercles du pouvoir cherchent à profiter [de ces marches] pour les transformer en un bain de sang», avait affirmé un communiqué de ce parti dans la nuit de vendredi à samedi en mettant en garde contre «une nouvelle escalade de violence incontrôlable qui risque d'entraîner la région et tout le pays dans une autre aventure». En dépit de cela, une marée humaine a envahi les rues de Béjaïa, même si les affrontements les plus meurtriers ont eu lieu dans des petites villes, voire des villages de la région de Tizi Ouzou, notamment Larbaa N'Aït Irathen, Maatkas, Azazga, Tizi Rached, Boudjima, Boghni... Une fois de plus, des bâtiments publics ont été saccagés. A Béjaïa, les manifestants dénonçant la corruption et le favoritisme ont détruit la maison de la culture, la direction des domaines, la gare routière. Ils ont tenté en vain de s'introduire dans la wilaya, fortement gardée. Les heurts ont aussi été vifs à Bouira.

«Cassure». Partout, cependant, dans cette région, l'une des plus pauvres et la plus peuplée d'Algérie qui ne survit que grâce à une forte émigration, ces émeutes ont pris une connotation sociale et politique. «Ce serait prendre l'ombre pour la proie que de ne pas voir dans cette colère le signe d'une cassure profonde entre le peuple et un pouvoir rongé par la corruption et la brutalité de ses moyens», commentait hier le quotidien la Tribune.

Les autorités, elles, entendent visiblement se dédouaner de toute responsabilité dans cette affaire. Elles n'ont rompu le silence assourdissant dans lequel elles étaient enfermées que pour accuser les responsables locaux d'avoir mal géré l'agitation. «La mauvaise communication et le manque de transparence dans leur travail sont l'une des causes des derniers incidents survenus dans certaines wilayas du pays», affirmait hier soir le ministre de l'Intérieur, Nourredine Zerouhni, seul à s'être rendu en Kabylie à deux reprises, une première fois pour y annoncer un plan économique. Cette mise en cause vise directement le FFS, qui gère de très nombreuses municipalités. Pour sa part, le président Bouteflika, rentré du Nigeria seulement samedi soir, ne doit parler que ce soir. Ayant de son côté évalué au cours de ces émeutes l'ampleur du discrédit causé par sa participation à la coalition gouvernementale, le leader du RCD, Saïd Sadi, menaçait, hier, de la quitter. «On ne peut, affirmait-il, soutenir un gouvernement qui tire sur la foule.»

Pendant ce temps à Paris, Hubert Védrine déplorait «l'immense tragédie» que vit l'Algérie, en prenant soin de souligner: «L'histoire ne nous prédispose pas à dire ce qu'il faut faire, à donner de loin des leçons, à condamner.» Une tragédie qui se poursuit sur le terrain: de 40 à 60 membres des forces de sécurité auraient ainsi été tués jeudi dans un accrochage au sud de Tébessa.

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LE MALAISE DE LA JEUNESSE....


Cette explosion de violences était-elle prévisible?

Perçue comme une provocation, l'exécution du jeune Massinissah Guermah dans la gendarmerie de Beni Douala le 18 avril annonçait le pire. D'une part, parce qu'elle est intervenue dans une localité très sensible: celle de l'idole des jeunes de Kabylie, le chanteur Lounès Matoub, dont l'assassinat, en 1998, avait déjà provoqué de violentes émeutes dans la région. D'autre part, parce qu'elle a eu lieu à la veille de la commémoration annuelle de la répression du «Printemps berbère» d'avril 1980, période traditionnellement tendue en Kabylie. Cette année, une grande tension a ainsi entouré la préparation de l'anniversaire, du fait de l'exacerbation du conflit politique entre un FFS (Front des forces socialistes) dans une opposition résolue et un RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie) qui a perdu beaucoup de terrain en raison de sa participation au gouvernement et du soupçon qui, à tort ou à raison, pèse sur l'un de ses dirigeants dans la mort de Lounès Matoub. Des comités d'étudiants ont ainsi dénoncé des intrusions armées de militants de cette formation à l'université de Tizi Ouzou.

En plus, le meurtre de Guermah a touché une population jeune, désespérée par l'absence de toute perspective, le refus des autorités de reconnaître la langue berbère et toujours survoltée par la mort de Lounès Matoub, dont elle rend responsable le pouvoir et son allié, le RCD. Dans ce contexte, la première réaction de la gendarmerie traitant la jeune victime de «voleur» et d'«agresseur» a mis le feu aux poudres. Cette affaire s'est révélée d'autant plus explosive que, depuis trois semaines, la région était chauffée à blanc par de nombreux incidents qualifiés de «provocations» par la population, dont les témoignages mettent en cause, d'un côté, la gendarmerie, de l'autre, le RCD. Dans des localités ou des villes comme Béni Douala, Aït Toudert, Bouzeguene, Béjaïa, les gendarmes sont ainsi accusés de faire la loi en multipliant les brutalités et les interpellations arbitraires ou en sommant les commerçants de leur donner des marchandises.

Que veulent les émeutiers?

Ce sont, pour l'essentiel, des jeunes, souvent de très jeunes lycéens. Erigeant des barricades, ils détruisent ou incendient les symboles de l'Etat et les postes de gendarmerie. Lançant pierres, pneus enflammés, cocktails Molotov, ils échappent totalement au contrôle de tous les partis politiques et expriment une colère que rien ne semble pouvoir canaliser: trois sièges du FFS et de très nombreux locaux du RCD ont d'ailleurs été brûlés. C'est la révolte d'une jeunesse radicalisée qui n'a plus rien à perdre, car écrasée de misère et sans espoir. «Vous ne pouvez pas nous tuer, nous sommes déjà morts», lancent ainsi les manifestants. Cette révolte ressemble à s'y méprendre à celle qui ébranla le pays en octobre 1988 et fit 500 morts après que l'armée eut tiré sur la foule.

La généralisation des mots d'ordre entendus dès le début de ce mouvement montre un changement fondamental dans les revendications identitaires qui l'emportent généralement en Kabylie. Les émeutiers ont en effet dépassé le cadre de la revendication culturelle berbère pour dénoncer la corruption, le pouvoir («pouvoir assassin») et le RCD, mis sur le même pied; pour réclamer la fin de l'impunité; pour stigmatiser la hogra, ce mépris dans lequel le pouvoir les tient. En scandant: «Donnez-nous du travail, des logements, de l'espoir et il y aura le calme», les manifestants expriment en fait un malaise qui est celui de toute la jeunesse en Algérie. Une jeunesse qui a pour tout choix l'exil ou le chômage et ne supporte plus les dénis de justice et les restrictions aux libertés. Ajoutés à cet immense ras-le-bol, le refus du pouvoir de tolérer tout espace démocratique autonome, sa volonté de museler toute force d'opposition réelle, expliquent sans doute le basculement dans la violence de jeunes livrés à eux-mêmes. Cette radicalisation les amène du même coup à contester le combat pacifique, puisque seule la force a toujours répondu à leurs aspirations, du Printemps berbère de 1980 aux émeutes d'octobre en 1988, en passant par l'annulation du processus électoral de 1991.

Comment les autorités ont-elles réagi?

Alger a renforcé jour après jour les forces de sécurité sur le terrain. Dans un premier temps, elles ont riposté aux émeutiers à coups de lacrymogènes. Mais, très vite, elles ont tiré sur la foule, faisant de nombreuses victimes. Les autorités craignent en effet que le mouvement fasse tache d'huile, des heurts ayant déjà eu lieu aux abords de Sétif, aux confins est de la Kabylie. Samedi, une tentative de manifestation a eu lieu à Oran, à Boumerdès, près d'Alger, tandis qu'une forte tension règne dans la capitale, notamment à l'université de Bouzareah. La peur de voir le mouvement déborder de Kabylie a amené le pouvoir à tenter de le cantonner à une revendication strictement linguistique en gommant l'ensemble des revendications sociales et politiques qui s'y expriment et sont communes à tout le pays. En isolant la Kabylie, Alger espère ainsi monter le reste de la population contre le «particularisme kabyle», afin d'empêcher toute jonction dans la contestation.

La violence est-elle encouragée au plus haut niveau de l'Etat?

Avant même le début des émeutes, de nombreux habitants se demandaient si les «provocations de la gendarmerie ne visaient pas à les faire descendre dans la rue» (Libération du 24 avril). Attestée par de nombreux témoignages, la poursuite de ces provocations donne à cette question toute son acuité, au moment où la situation prend un tour dramatique. Elle relance en tout cas la sempiternelle suspicion à l'égard d'un pouvoir dont les clans se battent par population interposée depuis l'indépendance, en 1962. Certains secteurs de ce pouvoir ont semblé confirmer cette hypothèse, en reconnaissant, en privé, qu'ils sont «favorables à un apaisement, mais ne peuvent répondre de l'attitude des forces de sécurité», puis en admettant que des «provocations» peuvent avoir lieu au cours de manifestations pacifiques. Les généraux, accusés d'avoir commis des exactions de grande ampleur pendant la «sale guerre», pensent-ils que la mise en avant d'une menace d'«insurrection en Kabylie» leur permettra de reprendre l'offensive politique? Laissent-ils pourrir la situation pour que celle-ci soit l'occasion de «normaliser» une Kabylie traditionnellement hostile au pouvoir et à l'intégrisme? De la réponse à ces questions dépend aussi la suite des événements


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EXPLOSION

Talon d'Achille du jacobinisme «arabo-musulman» professé à Alger, le chaudron kabyle, une fois de plus, est en ébullition. Déclenché il y a un peu moins de deux semaines par le meurtre d'un jeune manifestant à l'intérieur d'une gendarmerie proche de Tizi Ouzou, l'embrasement que connaît aujourd'hui la Kabylie est sans rapport avec les tensions qui agitent régulièrement la région. Point de revendications culturelles et linguistiques cette fois-ci, mais une véritable explosion sociale d'une jeunesse dont tous les espoirs se brisent sur le spectre d'un inéluctable chômage. Le phénomène est aussi hautement politique, puisque ce sont les structures et les pratiques de l'Etat algérien qui sont mises en cause par les émeutiers: l'armée et la gendarmerie, considérées comme une force de répression coloniale, leurs chefs, dénoncés pour leur corruption et leur pouvoir occulte, les autorités locales accusées de multiplier les passe-droits, qu'il s'agisse de l'attribution d'un appartement ou de l'entrée dans la fonction publique. Même les formations politiques fortement implantées en Kabylie, qui contrôlaient et encadraient naguère les revendications identitaires, ne sont pas épargnées par les manifestants. Ils ne veulent plus entendre parler de revendications pacifiques et ne se gênent pas pour le faire savoir aux responsables du Front des forces socialistes (FFS) du vieil opposant Aït Ahmed et surtout à ceux du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) de Saïd Sadi, qui paie là sa participation au gouvernement.

Un gouvernement qui atteint pourtant, à l'occasion de cette crise majeure, le sommet de son mutisme existentiel, de conserve avec un président Bouteflika qui n'a pas jugé bon d'interrompre un voyage au Nigeria pour au moins donner l'impression de se préoccuper de son pays. Tous ces silences, dont Alger annonçait qu'ils prendront fin ce soir, doivent bien avoir une signification. Gageons que les autorités préféraient attendre de savoir si la rage de la jeunesse kabyle allait contaminer toute l'Algérie et dégénérer en crise de régime. Ou si, une fois de plus, on pouvait s'en sortir en stigmatisant le «séparatisme antipatriotique» de la Kabylie pour mieux nier les vrais problèmes

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RESISTANCE

Maître de conférences à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, l'anthropologue Tassadit Yacine, auteur de Chacal ou la ruse des dominés; aux origines du malaise culturel des intellectuels algériens (1), est spécialiste du monde berbère.

Qui sont les Kabyles?

C'est une population très ancienne de l'Afrique du Nord qui s'est réfugiée dans les montagnes, notamment dans la région de la Kabylie, pour fuir les invasions des Romains puis des Arabes. Ils ont ainsi conservé leur langue, le tamazight, qui a des parentés avec l'égyptien ancien ou l'éthiopien ancien. Paysans guerriers, vivant dans des villages des hauteurs, les Kabyles ont conservé leurs coutumes. L'assemblée locale débat des problèmes de la collectivité, et on discute au sein des diverses tribus et entre tribus des décisions à prendre. D'où une tradition fortement ancrée de «démocratie» et une réputation de bastion imprenable, résistant toujours aux autorités centrales. L'islamisation elle-même a été très tardive, commençant vers les XIe et XIIe siècles, mais ne s'achevant qu'au XVIe. Cet islam limité à la profession de foi, aux prières et au jeûne, n'a pas effacé la langue ou les coutumes. Celles-ci restent les plus fortes, même quand elles vont à l'encontre de la loi islamique. Les femmes ne sont pas voilées, beaucoup moins soumises, mais elles ne profitent pas non plus du droit islamique qui leur est plus favorable, par exemple pour l'héritage.

Pourquoi la Kabylie a-t-elle toujours été considérée comme une région frondeuse?

Elle s'est opposée aux Romains, aux Arabes, aux Turcs et ensuite aux Français. Ces derniers sont arrivés en Algérie en 1830. La haute Kabylie ne sera réduite qu'en 1859. La conquête de cette région a été très longue, très difficile et très meurtrière. La première résistance de masse organisée - après celle d'Abd el-Kader - surgira en 1871, avec la révolte d'El-Mokrani, qui s'appuyait sur les réseaux des confréries islamiques. Un peu moins d'un siècle plus tard, la Kabylie a joué un rôle crucial dans la guerre d'indépendance. La wilaya 3 (préfecture) était l'un des piliers de l'armée de libération nationale. Proche d'Alger, elle représentait un intérêt stratégique essentiel, et nombre de Kabyles vivaient dans la capitale. Ils étaient aussi très nombreux à avoir émigré en France et aidaient matériellement et politiquement la lutte de libération. Beaucoup des chefs de guerre étaient kabyles, comme Amirouche, tué par les Français, Abane Ramdane, tué par ce qui allait devenir la police politique de l'Algérie indépendante, Krim Belkacem et Mohamed Khider, assassinés après l'indépendance, l'un en Espagne, l'autre en Allemagne. Parmi les Kabyles «pères de la révolution», seul Hocine Aït Ahmed est resté en vie et continue d'en incarner les rêves.

Quel a été le sort des Kabyles dans l'Algérie indépendante?

La Kabylie est restée une région à part, avant comme après. Dans la lutte commune contre le colonisateur, la conscience des différences était passée au second plan, mais elle a resurgi aussitôt après. Les Kabyles avaient eu un rôle déterminant pour faire partir les Français, et ils espéraient en retour une reconnaissance de leur spécificité au sein de la nation algérienne. L'Algérie «socialiste» n'a reconnu ni leur langue, ni leur culture, ni même vraiment le rôle joué par leurs chefs dans la guerre. Les Kabyles ont été marginalisés dans les hautes sphères du nouveau pouvoir et les présidents qui se sont succédé, Ahmed Ben Bella comme ensuite Houari Boumediene, étaient arabes comme l'est d'ailleurs aujourd'hui Bouteflika. Les Kabyles sont donc restés attachés à des figures emblématiques de la résistance comme Hocine Aït Ahmed, devenu figure charismatique de l'opposition démocratique. Le fait d'être une minorité qui ne maîtrise pas de façon globale l'arabe - même si certains le lisent et le parlent - mais qui parle souvent français a alimenté tout au long de ces années la conscience d'une identité spécifique. En toute logique, cela a aussi incité les Kabyles à un combat plus général pour la démocratie. Ils savent ne pas pouvoir exister autrement en tant que tels.

Que demandaient les Kabyles?

Dans les années 60, juste après l'indépendance, les Kabyles luttaient avant tout pour la démocratie et un partage du pouvoir. Les autorités les accusaient néanmoins à l'époque de vouloir une sécession et elles accusaient Aït Ahmed de vouloir l'autonomie, sinon même un Etat berbère. Ainsi elles voulaient diviser la population et la dresser contre ce mouvement. La revendication linguistique ne s'affirmera que des années plus tard, en réaction à la politique menée par les autorités. Il y a eu l'arabisation à outrance, bâclée et démagogique. Il y a eu toutes sortes de vexations, surtout à l'époque de Boumediene, dans les années 70, qui furent les plus noires en matière de liberté pour toute l'Algérie, Kabylie comprise. Le pouvoir s'en prend à ses symboles, comme la JSK (Jeunesse sportive de Kabylie), l'équipe de football de la région arbitrairement rebaptisée JET (Jeunesse électronique de Tizi Ouzou). On réduit les heures de langue berbère à la radio nationale. Cela nourrit en retour un très fort mouvement identitaire, qui aboutit au Printemps berbère de 1980.

Que s'est-il passé alors?

La révolte a éclaté en avril après le refus des autorités d'autoriser l'écrivain Mouloud Mammeri à donner une conférence sur la poésie berbère du XVIe siècle. La jeunesse est descendue dans la rue, notamment autour de l'université de Tizi Ouzou, pour demander la reconnaissance du tamazight comme langue nationale et la démocratie. Le pouvoir a répondu par la force aux manifestations. Il y a eu des milliers d'arrestations et des morts, mais ils ont été moins nombreux que ceux de ces derniers jours. Aucune des revendications identitaires de la population de Kabylie ne fut prise en compte à l'époque. Il y a cinq ans seulement, les autorités ont concédé la création de chaires de berbère à l'université et de cours facultatifs de cette langue à l'école. Mais, depuis longtemps, le tabou avait volé en éclats.

 Sujet Auteur  Date
 liberation: Situation en kabylie  nouveau
Ullial 2001-04-30 10:13:34 
 Re: liberation: Situation en kabylie  nouveau
Amirouche 2001-05-01 11:30:22 

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