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Interview du Webmestre sur France3
 gnawa de mostaganem
Auteur: tajmaat 
Date:   2001-01-06 23:39:40

pendant des siecles, la traite a amene de nombreux esclaves originaires d'afrique subsaharienne dans tout le maghreb. ainsi,a alger, en 1830, il y aurait eu 2000 habitants noirs pour une population de 20000 ames.
ces populations existent dans tout le maghreb, sous des noms varies, CH'ABANYA,'ABID, OUCFANE, BABA SALEM, BAMBARA, ou BOUSSADIA. la colonisation francaise aura pour effet que les esclaves BAMBARA (originaires de l'actuel MALI) cederont la place a des HAOUSSA ou des SONGHAI(originaires de l'actuel NIGER), avec les consequences que l'on peut imaginer sur la musique des cultes pratiques au maghreb.
si ces populations on vu leur nombre se reduire, au moins en Algerie, les rituels soudanais adaptes a l'islam ont cependant persiste' comme dans cette confrerie SAIDDIYA a mostaganem, dans l'est Algerien. cette confrerie pratique un culte synchretique avec l'islam comme ont pu le faire avec le christianisme au Bresil ou en Haiti d'autres populations venues plus generalement du Benin ou du Nigeria. les MLOUK , genies venus des rives du Niger, y voisinent avec des genies arabes ou berberes (et meme juifs, au Maroc). les confreries, comme d'ailleurs les griots mandingues, se targuent d'avoir pour ancetre BILAL, le premier muezin, esclave Ethiopien affranchi, compagnon du prophete. en Algerie, c'est dans l'oranie que la Bilaliya est la plus repandue.
il existe au moins deux sortes de rituels:
la LAYLA, ceremonie pratiquee chaque semaine a Mostaganem, la KOUBA (le tombeau, reel ou symbolique) de SIDI MOHAMMED MEJDOUB.
en 1971, la layla avait lieu tous les vendredis soir dans la cour d'une maison appartenant a la confrerie Saiddiya. les participants, pour la plupart d'origine sub-saharienne, mais pas exclusivement, venaient pour diverses raisons therapeutiques, ou pour faire benir les nouveaux-nes, par exemple. le MAALEM faisait sur ceux-ci des onctions avec la sueur de son front. la ceremonie proprement dite commencait ensuite au son du GUEMBRI (appele parfois hajhouj dans le sud du Maroc), un luth a manche long dont les trois cordes sont tendues sur une table d'harmonie en peau, et peuvent s'accorder grace a des anneaux en boyau coulissant sur le manche cylindrique. un bruiteur constitue par une plaque metallique fixee au haut du manche et sur laquelle sont places des anneaux egalement metalliques, entoure d'un halo sonore le son grave de l'instrument. un nombre undetermine de joueurs de qarqabou, des crotales metalliques en forme de 8, accompagne le luthe. le joueur de guembri, le MAALEM (maitre), joue des melodies particulieres a chaque MELK, entite surnaturelle qui va venir chevaucher le possede. le symbolisme de la sueur semble encore intervenir a ce stade de la layla, puisque le MOQADEM, responsable du bon deroulement de la ceremonie (assiste ici d'une moqadema, voyante-therapeute), m'avait bien donne consigne de ne commencer enregistrer que lorsque les pieces de monnaie offertes par les fideles tenaint sur le front du maalem sur lequel il les avaient posees. c'etait aussi le moment ou commencaient les pratiques fakiristes, flagellation avec des cravaches en nerf de beouf et coups de poignards portes dans le ventre. contrairement a ce qui se passait dans d'autres confreries de Mostaganem, comme celle des AISSAWA, je n'ai jamais vu le sang coule au cours d'un rituel des GNAWA. ceux-ci semblaient d'ailleur conscients de leurs responsabilites.
celui qu'on appelait "le turc", un homme d'une soixantaine d'annees, jouissait d'un grand prestige, car il pratiquait la glossolalie (don surnaturel des langues), l'orsqu'il rentrait en transe. le moqadem se mefiait cependant de sa maladresse et lui donnait des couteaux de table a bout rond a la place des poignards aceres des autres participants, lorsqu'il voulait se poignarder rituellement. le fait qu'un un adepte commence la dance (jdib) est signe que son melk le chevauche, a pris possession de lui. apres la ceremonie,le possede ne se souvient de rien.
pour Abdelhafid Chlyeh, un psychologue clinicien Marocain, ces activitees "se definissent comme un ensemble de procedures, de techniques constituant ce qu'on doit bien appeler une therapie, dont le rite de possession (lila de dardeba) constitue le noyau central. ce rite ne peut donc pas etre reduit a un culte de possession a caractere religieux mais a un dispositif, transculturel par nature(berbero-negro-musulman), a finalite therapeutique fonde sur l'initiation et impliquant une alliance avec des entites specifiques".
en aout 1971 la confrerie de mostaganem pratiquait toujours le sacrifice annuel d'un taureau. pendant la quainzaine precedente, l'orchestre du stambali (ou bus'diya) constitue par des joueurs de crotales metaliques, les qarqabou, et de tambours cylindriques, les ganga, sillonnait la ville pour receuillir l'argent necessaire au sacrifice. le jour venu, les fideles se rendaient en camions au sanctuaire de sidi mohammed mejdoub, au bord de la mer, pour le moussem. apres la visite du tombeau du saint, les tambourinaires et les joueurs de crotales, pares deplumes et de tissus multicolores, descendaient vers la mer ou les attendaient des femmes vetues de blanc, evoquant irresistiblement les Maes do santo bresiliennes rendant hommage a yemanja, divinite marine. au rhytme de percussions, ces femmes, plongees jusqu'a la taille dans la mer, entraient en transe, frappant l'eau de leur mains, en faisant des offrandes d'oeufs, de safran et de parfums aux mlouk (pluriel de melk) marins.
tout le monde remontait ensuite dans le plus parfait desordre aupres de la kouba du saint pour assister au sacrifice du taureau. le rituel se terminait par l'immolation de poulets. le moqadem, maitre de la ceremonie qui l'executait, procedait alors a des divinations d'apres la forme des traces de sang que laissaient les poulets qui s'enfuyaient, le cou tranche.

Musicalement, le rythme gnawi est constitue par des formules binaires et ternaires, qui se suivent ou se chevauchent. chaque melk a sa devise, une courte phrase musicale qui lui est propre. l'adepte est toujours possede par le meme melk et ne peut entrer en transe que si cette devise est jouee par le guembri, sept couleurs sont egalement associees aux differents mlouk et rendues visibles par des foulards qui servent parfois a retenir les danseurs lorsque la transe est trop intense.
Les chants d'oranie, plutot centraux (son-rai) et occidentaux(bambara) invoquent sidi moussa et les rjal el bahr (les hommes de la mer ou du fleuve), les hommes du Soudan, les maitres du Diwan, les sergou, llala birika ou Embirika, Slimani, genie de l'air occidental, Baba hamou, aquatique et occidental, Baba merzoug moul bourhane, maitre de la puissance miraculeuse, plus oriental, CHANGUERMAMA,avec ses surnoms de de BANOUARI, le beau, sidi ABDELKADER sous son surnom de BOUDERBALA, mekka-medina, les deux villes saintes, en entremelant le tout d'invocations a allah, de la profession de foi musulmane, de la priere sur le prophete.
Cette reference a l'islam se retrouve d'ailleurs en Afrique sub-saharienne et nous avons pu voir dans le village de NIAFUNKE, sur la bouche du Niger, les zelateurs Songhai des Jimbala, les genies du fleuve, pratiquer de pair, sans probleme apparent, l'animisme et l'islam comme, dans une autre culture tres eloignee, un Japonais peut pratiquer selon les circonstances le bouddhisme ou le shintoisme.
dans toute l'afrique du nord, les gnawa ont su ainsi conserver leurs traditions, tout en s'adaptant a la culture dominante. c'est sans doute egalement une des raisons pour laquelle les gnawa du Maroc ont su si bien multiplier les experiences de fusion avec les musiciens europeens ou americains de rock ou de jazz. parallelement aux gnawa ici presentes, qui exercaient tous un metier (ainsi, le moqadem etait chaufeur de car) et ne pratiquaient leur musique que dans un contexte rituel, d'autres venus du sud, parcouraient les villages de la cote, chantant et jouant des qarqabou sur les places pour gagner leur vie. cette ouverture au monde exterieur, cette volonte de survivre dans un univers etranger et cette intense faculte d'adaptation se ressentent dans la pulsatoin a la fois souple et implacable de la basse du guembri,emblematique et de leur communaute.


Henri Lecomte.

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 gnawa de mostaganem  nouveau
tajmaat 2001-01-06 23:39:40 

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