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Le Blog
Interview du Webmestre sur France3
 La mort du jeune MASSINISSA
Auteur: KIM 
Date:   2001-06-25 15:24:01

GUERMAH Khaled (père de Massinissa)

"Je détiens la preuve irréfutable concernant
l'assassinat de mon fils"
Suite aux événements tragiques qui ont endeuillé la Kabylie, l'équipe d'Izuran a rendu visite à monsieur Guermah Khaled père du jeune Massinissa, qui a bien voulu la recevoir chez lui, malgré son état de fatigue avancé, pour revenir sur la tragédie qui l'a frappé dans sa chair. Il a tenu à remercier la presse qui lui a donné l'occasion d'exprimer, de crier haut et fort son chagrin et sa révolte.

Izuran : Pouvez-vous revenir sur les circonstances de l'assassinat de votre fils ?
Guermah Khaled: Tout a commencé le mercredi 18, avril aux environs de 18 heures. Après une rixe entre des jeunes de notre quartier et des délinquants, étrangers à la localité, qui roulaient avec une voiture à grande allure. Ces derniers narguaient les jeunes du quartier, qui les rappelèrent à l'ordre. Les délinquants non satisfaits de la remarque alertèrent les gendarmes. Armés de kalachnikovs, ils arrivent sur les lieux, dans cette même voiture pour se donner en spectacle devant toute la population tels des gangsters, jouant à cache-cache, se lançant dans une course poursuite derrière des gamins qui, manœuvrant sur eux, prennent la fuite. Les poursuivant à travers les champs, ils capturent le nommé koceïla et le tabassèrent à en perdre connaissance. Il a fallu l'intervention des citoyens pour mettre fin à cet acte. Les gendarmes réquisitionnèrent alors un fourgon et l'emmenèrent à la brigade.

Izuran : Que faisait Massinissa pendant ce temps-là ?
Guermah Khaled : De toute l'histoire il n'en savait rien, il était en train de réviser ses leçons. En entendant du bruit il se penche du balcon avec sa mère. Curieux qu'il était, il descendit s'enquérir de la situation. Entre temps, les gendarmes sont déjà revenus de leur course poursuite, ils étaient dans la même voiture des délinquants. Massinissa qui ne savait pas qu'ils étaient là, tape dans ses mains, un geste pour disperser les gamins regroupés…, c'est là que les gendarmes le virent et descendirent de la voiture pour l'assommer d'abord d'un coup de crosse devant tout le monde puis le tabasser. Massinissa traumatisé leur cria " laissez-moi, je n'ai rien fait". Ils le traînèrent alors par les cheveux et le kidnappèrent.
A la Brigade, Koceïla, qui était déjà sur les lieux, affirme que Massinissa ne pouvait déjà plus se tenir debout malgré sa forte corpulence, car il était tenu par deux gendarmes qui le traînèrent par les bras. En voyant ce corps meurtri par les coups, Koceïla, paralysé par la peur, perdit connaissance. Les gendarmes étaient nombreux dans cette pièce et comme par hasard personne n'était touché sauf mon fils, criblé de balles. Ces jambes étaient toutes trouées, d'après certains témoignages, mon fils déjà agonisant répétait aux gendarmes "vous allez payer". Et selon eux, il y a eu deux rafales, ce qui prouve que mon fils a été abattu délibérément car si c'était un accident on n'aurait pas marqué un arrêt de quelques secondes pour reprendre ensuite les tirs.

Izuran : Parlez-nous de ses derniers moments ?
Guermah Khaled : Transféré à la polyclinique de B-Douala son sang giclait de partout. En ce moment les gendarmes menaçaient le corps médical. L'un d'eux leur lance : je suis le maître des lieux (en arabe : ana rebb lmeqla hna) sommant les médecins de s'occuper de leur collègue blessé à la cheville plutôt que de mon fils qui se vidait de son sang. A l’hopital Mustapha alors qu’il était à six de tension, mon fils était toujours lucide. Il me répétait en joignant le geste à ses paroles "papa ils m'ont tué, papa ils m'ont tué… mais si jamais je me rétablis je me vengerais". Mystérieusement, quand il prononçait ces paroles sa tension baissait d'un cran pour remonter ensuite preuve que le choc et la colère étaient énormes. Il m'a fallu alors lui mettre la main sur sa bouche pour qu'il ne prononce plus cette phrase maudite. Il ne sentait plus ses jambes, il ne voulait plus lâcher la main de sa mère. Dès qu'il la lâche, sa tension chute et il sombre. Alors sa mère soude sa main à la sienne pour maintenir ainsi son fils en vie. Il survécut jusqu'au 20 avril au matin où il rendit l'âme à l'hôpital Mustapha Pacha.

Izuran : Quelle était la réaction de la population ?
Guermah Khaled: Elle ne s'est pas faite attendre. Sa première réaction était de suivre mon fils à la brigade. Arrivés là bas, c'était déjà trop tard. Ces sauvages venait de lui tirer dessus. La population le suivit alors à la polyclinique puis en cortège à l'hôpital Nedir de Tizi-Ouzou. Le lendemain matin la population de B-Douala, se rassemble devant la brigade exprimant sa révolte contre cette hogra, par des jets de pierres et des slogans hostiles. Les émeutes font alors effet de poudre entraînant l'embrasement général de la Kabylie.

Izuran : Revenant au décès de votre fils. Y a t-il eu autopsie ?
Guermah Khaled : Je pense qu'ils sont mal tombés. Car ils croyaient peut être que je ne prendrai pas les choses en main, mais alors pas du tout. J'étais serein, je me suis dit : "ça y est ils m'ont tué mon fils, il est mort, alors il est temps que la vérité éclate et que les auteurs payent pour leurs crimes. J'ai alors demandé une autopsie. Cependant ma seule crainte était de voir le corps de mon fils mutilé une seconde fois. Je voudrais par ailleurs préciser que sans l'autopsie les traces de coups sur son corps les impacts de balles ainsi que le sang qu'il vomissait et qu'il urinait parlent d'eux-mêmes. Je pense qu'ils ont simulé l'accident pour justifier leur crime en blessant un collègue à la cheville. Je voudrais préciser que je détiens là, la preuve irréfutable. Il s'agit d'une pièce à conviction qui prouvera que mon fils a été ciblé de face par des tirs volontaires à bout portant alors qu'il était debout adossé au mur. Pour moi, ils l'ont assassiné. On ne peut pas cacher une telle réalité. Juste après son décès, je me suis concerté avec ma famille qui m'est d'un grand soutien à déposer plainte.

Izuran : Comment avez-vous réagi au communiqué du commandement de la gendarmerie, ainsi qu'à celui du Ministre de l'intérieur ?
Guermah Khaled : En ce qui concerne la gendarmerie, c'est un deuxième assassinat. C'est vraiment bête d'entendre de pareils propos émanant d'un commandant de la gendarmerie nationale, ce qui lui incombe la responsabilité de l'embrasement général de la kabylie. Quant aux propos du Ministre, je pense que c'est malheureux qu'un haut commis de l'état s'engouffre dans une erreur aussi lamentable, aussi affreuse que de traiter mon fils de délinquant. Je pense que vu son autorité, la moindre des choses était de bien se renseigner d'autant plus qu'il était au courant de la réaction de la population par rapport au communiqué de la gendarmerie. Avec ces graves propos, il n' a fait qu'attiser le feu et contribuer à son tour à l'embrasement général.

Izuran : Votre région a t-elle déjà connu ce genre de dépassement ?
Guermah Khaled : Oui ! mais pas aussi grave. A chaque fois nous dénoncions dans des rapports de telles exactions. Le dernier en date a été transmis aux autorités concernées le 16 avril soit deux jours avant l'assassinat de mon fils, faisant état de la colère de la population suite au comportement immoral de certains gendarmes. Je ne prétend pas qu'un lien direct existe entre les deux faits. Mais au contraire je pense qu 'une fois de plus ils ont confirmé nos accusations. Seulement, cette fois-ci, je suis atteint dans ma chair.

Izuran : Que pensez-vous de la commission d'enquête Issad ?
Guermah Khaled : Je pense que son existence n'a aucun sens. Car les preuves de l'assassinat de mon fils sont flagrantes. Par conséquent, je réfute totalement toute espèce d'enquête tant que la réalité parle d'elle même. Je profite par le biais de cet entretien à démentir les informations publiées par "El-Moudjahid" et "Horizons" faisant état d'une rencontre entre moi et Mr Issad. Que l'on arrête de rajouter à la douleur d'une famille, de toute une population endeuillée et que l'on cesse de m'endosser ce que je n'ai pas fait et ce que je n'ai pas dit.

Izuran : Avez-vous un message à adresser à toutes les mères et à tous les pères qui sont également meurtris dans leurs chairs ?
Guermah Khaled : D'abord je tiens à rendre un grand hommage à tous ces héros tombés pour la dignité et la liberté. Je souhaite un prompt rétablissement à tous les blessés qui ont affronté la mort avec courage et abnégation. Car si ces jeunes se sont révoltés, c'est parce que “tewwev tfidi s ighes”. On nous a enlevé notre identité, notre pain quotidien, notre travail, notre liberté, notre honneur, respect et dignité, on l'a accepté en se repliant sur nous-mêmes, mais arriver à nous faucher nos propres enfants à la fleur d'âge, ça c'est inacceptable. J'irai jusqu'au bout, rien ne pourra m'arrêter. Que peuvent-ils me faire de pire, m'emprisonner ? Ils m'ont déjà condamné. Me tuer ? Je suis déjà mort ?… Avant de terminer, je tiens à remercier infiniment toute la population qui s'est solidarisée avec nous et je la remercie de son soutien moral. Et je présente mes sincères condoléances à tous les parents des victimes.
Entretien réalisé par
El-Kaïssa ZENIA

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 La mort du jeune MASSINISSA  nouveau
KIM 2001-06-25 15:24:01 
 Re: La mort du jeune MASSINISSA  nouveau
Ullial 2001-06-25 15:37:21 
 Re: La mort du jeune MASSINISSA  nouveau
KIM 2001-06-25 16:29:23 
 Re: La mort du jeune MASSINISSA  nouveau
sh 2001-06-25 16:40:29 
 Re: La mort du jeune MASSINISSA  nouveau
Ullial 2001-06-25 16:55:36 
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Ullial 2001-06-25 16:57:53 
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sh 2001-06-25 17:07:39 
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Ullial 2001-06-25 17:15:06 
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KIM 2001-06-25 17:15:12 

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