Auteur: afulay
Date: 2004-12-05 02:28:48
La Résistance de l’Afrique du Nord à la conquête arabe
La Tribune 4 septembre 2003
Azedine Tagmount raconte la Résistance de l’Afrique du Nord à la conquête arabe
Par Moussa Ouyougoute
«C’est en apprenant l’histoire de leurs pays telle qu’elle s’était réellement déroulée que les jeunes Nord-Africains d’aujourd’hui redécouvriront la grandeur et la noblesse de leur nation et trouveront de nouvelles raisons d’être fiers de leur origine», affirme l’auteur
Edité à compte d’auteur, la Résistance de l’Afrique du Nord à la conquête arabe traite d’une tranche de l’histoire de l’Afrique du Nord peu connue (VIIème et VIIIème siècles), quand des troupes recrutées essentiellement dans le Cham (Grande Syrie) et conduites par des émirs arabes viennent en conquérants dans le pays des Maures et des Mazighs pour tenter d’y imposer l’autorité du Khalif. C’est ce que les auteurs arabes appellent «foutouhat el Maghrib».Les sources disponibles pour cette période proviennent pour l’essentiel d’auteurs arabes qui ne se distinguent pas toujours par l’objectivité et la rigueur historiques.Le livre est divisé en neuf chapitres. Du 1er au 7ème, chaque chapitre traite d’une des sept grandes expéditions arabo-islamiques dirigées vers l’Afrique du Nord. A la suite de ces expéditions, certains de leurs chefs ont acquis une grande renommée auprès des Arabes tels que Oqba Ibn Nafaa, Hassan Ben Nooman, Nooman Ben Nossaïr. Le 8ème chapitre, qui recouvre tout le VIIIème siècle, relate l’installation de l’administration arabe en lfriqïa (Tunisie actuelle), sous l’autorité d’un gouverneur représentant du Khalif, avec Qairwan comme capitale. Commence alors une suite sans fin de «fitnas», séditions et complots chez les «Orientaux» installés dans cette province, fitnas alimentés par l’antique rivalité qui déchire Arabes kelbite et Arabes qaïssite. A ces séditions viennent se greffer les révoltes provoquées par les Lbadhites et Sofrites et les insurrections toujours renouvelées des Mazighs et des Maures qui n’ont jamais accepté l’autorité du représentant du «Commandeur des Croyants». Bref, pendant près d’un siècle d’administration arabe, révoltes et anarchie ont régné en Ifriqïa jusqu’au jour où Ibrahim Ben El Aghlab, s’appuyant sur des troupes mazighes zénata recrutées dans le M’zab algérien, arrache au khalif Haroun Errachid l’indépendance de Qairwan et de sa province.Pendant ce temps, des tribus maures-mazighes, tout en adoptant l’@!#$, établissent des principautés indépendantes à Tiaret, Sidjilmassa et Walili.Le sujet traité ici ne laissera aucun lecteur indifférent. Longtemps empêchés de connaître la vérité sur leur passé, les Algériens attachés à leur origine, tout particulièrement les jeunes, qui liront ce livre seront sans aucun doute passionnés par son contenu. Il est toujours passionnant de connaître la vérité sur son passé.L’auteur pense que c’est un devoir pour l’historien qui se respecte et aspire à mériter le respect de ses lecteurs de s’efforcer, autant que possible, de restituer la réalité historique sans altération. Par fidélité à ce principe, l’auteur ne manque jamais d’étayer avec de solides références les faits historiques qu’il expose dans son livre. Ce qu’il nous apprend des émirs arabes venus en Afrique du Nord en conquérants ne les grandit pas. A quelques rares exceptions, les actes de ces émirs et de leurs prétendus «combattants de la foi» montrent que la propagation de la @!#$ musulmane en Afrique du Nord n’était pas leur souci majeur car tous leurs efforts tendent à l’accaparement des richesses, la spoliation des terres, l’enlèvement d’enfants et de captives destinées aux marchés aux esclaves et ils usent à cette fin de moyens que la morale la plus élémentaire, religieuse ou profane, n’admet pas. Ce comportement si peu édifiant provoque une naturelle réaction de résistance au début, la population de l’Afrique du Nord n’était animée d’aucune hostilité à l’égard de ceux qui prétendent venir chez eux pour leur enseigner la nouvelle @!#$. Mais ces faux combattants de la foi et vrais pillards, reçus d’abord sans animosité, ont fini par récolter ce qu’ils ont semé avec leur brutalité, leurs exactions et surtout leur prétention à vouloir occuper le pays en maîtres. Comme les conquérants qui les ont précédés, Romains, Vandales, Byzantins, ils se heurtent à l’inébranlable et éternelle résistance des Maures et des Mazighs, résistance où s’illustrent des hommes et des femmes remarquables : Koceïla, la reine Dihia surnommée Kahina par les Arabes, Maïssara et tant d’autres. Maures et Mazighs levèrent de nouveau leurs glaives pour défendre leur liberté et leur pays. «Cette résistance n’empêche pas l’@!#$ de s’étendre à toute l’Afrique du Nord malgré, peut-on dire, l’indignité des Arabes et des Chamites venus pour l’enseigner», dit l’auteur.L’intense intérêt du thème traité lié à une forme bien travaillée soutient constamment l’attention du lecteur. Le style limpide et sobre est le signe d’une parfaite maîtrise de la langue. La lecture est captivante, voire passionnante de bout en bout. Enfin, peut-on dire, un livre d’histoire écrit par l’un de nos compatriote sur une tranche de l’histoire de notre nation qui jusqu’à maintenant ne nous est accessible qu’à travers le regard et les écrits des autres. Enfin, un livre où, selon l’auteur, «les faits historiques étayés avec de solides références sont rétablis dans leur réalité après l’indispensable élagage des falsifications avec lesquelles les auteurs étrangers, d’Orient et d’Occident, les ont altérés.» «C’est en apprenant d’histoire de leurs pays telle qu’elle s’était réellement déroulée que les jeunes Nord-Africains d’aujourd’hui redécouvriront la grandeur et la noblesse de leur nation et trouveront de nouvelles raisons d’être fiers de leur origine», ajoute l’auteur. Azedine Tagmount a déjà publié avant ce livre Arezki Oulbachir ou l’itinéraire d’un juste, un beau roman inspiré de faits historiques édité par Enal en 1984 ainsi qu’un dictionnaire trilingue kabyle-français-arabe sorti en 1995.
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