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Interview du Webmestre sur France3
 Re: l'hymne de Matoub Lounes traduit en arabe (ou Abane le mélomane)
Auteur: al djazaïri 
Date:   2001-08-31 10:07:15

Mohamed Lebjaoui, « Bataille d’Alger ou bataille d’Algérie ? », Gallimard-1972

Comment naquit l’hymne national algérien.

A propos des mozabites, on peut raconter l’histoire, jusqu’ici inédite, de l’hymne national algérien.
C’est en mai 1955, au cours d’une réunion chez Rebbah Lakhdar, rue Hélène Boucher à Alger, qu’Abane Ramdane décida de « contacter » des poètes et des écrivains pour composer un projet d’hymne national. Deux jours plus tard, Rebbah et Ben Khedda rencontrent par hasard le poète Moufdi Zakaria, originaire du Mzab. Ils lui communiquent la suggestion d’Abane. Et Zakaria s’inquiète de l’organisation qu’ils représentent : FLN ou MNA ? Il ne veut pas entendre parler de Messali, explique-t-il, en raison des exactions que commettent ses partisans sur la communauté mozabite. Rebbah et Ben Khedda précisent qu’il s’agit du front, lequel s’apprête précisément à briser de telles provocations.
Zakaria, alors, accepte. Il décide d’adhérer au FLN et de commencer sans tarder un travail d’explication politique et de recrutement au sein de la communauté mozabite. Il s’engage d’autre part à fournir un projet d’hymne pour le lendemain matin.
Il tint parole et, dès le lendemain, remet un texte complet. D’autres projets avaient déjà été soumis. Mais le sien est jugé le meilleur. Adopté aussitôt, il est devenu, depuis 1962, l’hymne officiel de l’Algérie indépendante.
Encore faut-il, sur le texte, composer la musique. Pour des raisons de sécurité, il décide de réaliser ce travail à Tunis mais il préfère, pour la même raison, ne pas emporter le texte avec lui.
Par chance, à ce moment-là, l’équipe de course à pied du Mouloudia, club algérois, doit se rendre à Tunis pour participer aux championnats d’Afrique du Nord. Le document est remis, sous enveloppe, à l’un des coureurs à qui l’on indique simplement que quelqu’un viendra le lui demander à Tunis. Zakaria, séparément, part et se rend donc à Tunis, réceptionner son texte et réaliser la composition musicale. L’hymne est enregistré sur bande magnétique et envoyé à Alger.
La musique est excellente, mais le chœur est composé de voix presque enfantines qui ne conviennent guère à un chant révolutionnaire. Pour résoudre le problème, contact est pris avec le grand comédien Mohamed Touri, déjà membre du front. Le matériel d’enregistrement est transporté chez Moufdi Zakaria, rue Cambon, à Kouba. Zakaria a amené une dizaine de chanteurs, hommes et femmes de Radio-Alger et un enregistrement excellent est réalisé (1).
Reste à expédier l’hymne dans les maquis, les pays arabes et d’autres pays étrangers. Mais pour cela, il faut enregistrer sur disque. A l’époque, il était beaucoup plus facile de se procurer un tourne-disque qu’un magnétophone. De plus, une bande magnétique, d’usage alors peu courant, pouvait attirer l’attention de la police d’avantage qu’un disque agrémenté d’étiquettes innocentes.
Touri, une nouvelle fois, se charge de l’opération. Non sans audace, il décide de faire passer le disque dans les studios d’enregistrement de la radio colonialiste d’Alger. Et, en une semaine, il réalisa le tour de force d’en tirer douze exemplaires, qu’il remit à Rebbah…Le seul inconvénient est qu’il s’agit de disques « provisoires », très souples, qu’on ne peut faire tourner qu’une dizaine de fois sur un électrophone sans les détériorer. Mais ce n’est pas très grave : car une fois hors d’Algérie, ils pourraient aisément être reproduits dans de meilleures conditions techniques : ce qui fut fait dans les pays de l’Est.
Pour faire « sortir » les disques, la direction du FLN profita de la présence à Alger d’une commission culturelle comprenant des délégués de plusieurs pays arabes venus en Algérie prendre contact, notamment, avec l’Association des Oulémas, présidée par le Cheikh Bachir Ibrahimi (2). Chacune de ces délégations emporta un disque. Ainsi, très rapidement, toutes les radios arabes purent diffuser et populariser le nouvel hymne national algérien.
Touri n’en resta pas là. Le Front ayant décidé d’interdire aux artistes algériens de participer à toute espèce de spectacle, il proposa de ne pas généraliser cette mesure à l’ensemble du territoire pour lui permettre de mieux aider l’organisation. Ainsi, bizarrement pour ceux qui n’étaient pas informés, le FLN autorisa la poursuite des spectacles dans la seule ville d’oran.
A cette époque, en effet, beaucoup d’armes et de médicaments, venant du Maroc, arrivaient en Oranie et transitaient par elle vers les autres maquis d’Algérie. Pendant plus de sept mois, Touri réussit à faire transporter d’Oran à Alger, dans les bagages des artistes, de nombreuses armes et toutes sortes de médicaments. Les malheureux comédiens subissaient les quolibets des Algériens, mais bénéficiaient, en revanche, de la sympathie des autorités officielles, ce qui excluait pratiquement la fouille de leurs bagages.
Son contact à oran était Souyah Houari. Mais une autre femme a joué ici un rôle capital. Avant que Touri en prenne la responsabilité, c’est elle qui assurait les transports d’armes d’Alger à Oran. Deux fois par semaine, cette véritable héroïne, âgée de 65 ans, faisait le voyage aller et retour pour convoyer armes et munitions. On l’appelait Yema Fathma. Mais les militants, à cause de son courage, avaient fini par la surnommer Zaïma (féminin de zaïm : chef).
Souvent, avant de partir pour Alger, elle se rendait à Marnia ou à Turenne, pour prendre les rapports de l’ALN locale, destinés à Abane. Ses deux contacts principaux étaient Souyah Houari à Oran et Rebbah Lakhdar à Alger. Arrivée à la gare de la capitale, elle prenait un taxi, avec ses couffins pleins d’armes, recouvertes de fruits. En descendant de taxi, elle demandait au chauffeur de l’attendre un moment. Puis, prenant l’ascenseur, elle montait chez Rebbah où la mère et l’épouse de celui-ci lui ouvraient. « Femmes » disait invariablement Zaïma, donnez-moi la clef de la chambre de Farid (un des noms de guerre de Rebbah). Elle entrait, déposait ses couffins d’armes et de médicaments, ses messages. Elle redescendait alors prendre son taxi : pour retrouver Rebbah, 9, rue médée. Elle lui remettait la clef, demandait quelques fruits pour se restaurer et, sans bouger, attendait l’heure du prochain train pour Oran.
Arrêtée en 1956, Zaïma fut sauvagement torturée, mais ne dit pas un mot. En même temps qu’elle, son mari et son fils avaient été arrêtés bien qu’ils ne fussent pas au courant de ses activités.

(1) – Certains artistes prenaient de grands risques au service de la révolution. Je me souviens, notamment, que nous avons tenu, en 1956, une très importante réunion, présidée par Abane, au domicile de l’un d’entre eux, Allal El Mouhib, rue Levacher à Alger.
(2) – Cheikh Bachir Ibrahimi était considéré comme le chef spirituel le plus éminent de tout le monde arabo-musulman.

 Sujet Auteur  Date
 matoub lounes l'a dit:  nouveau
yanis 2001-08-29 02:28:43 
 Re: matoub lounes l'a dit:  nouveau
thaqvaylith 2001-08-29 03:51:02 
 Re: matoub lounes l'a dit:  nouveau
Azzar 2001-08-29 06:15:20 
 Re: matoub lounes l'a dit:  nouveau
nabila 2001-08-29 08:27:11 
 Re: matoub lounes l'a dit:  nouveau
Rif 2001-08-30 19:45:54 
 Re: matoub lounes l'a dit:  nouveau
Azzar 2001-08-31 07:10:48 
 Re: l'hymne de Matoub Lounes traduit en arabe (ou Abane le mélomane)  nouveau
al djazaïri 2001-08-31 10:07:15 
 Quel est le propos ?  nouveau
Amirouche 2001-09-03 02:37:52 
 Re: No comment  nouveau
al djazaïri 2001-09-04 07:44:05 
 Re: Quel est le propos ?  nouveau
thamilla 2001-09-03 11:22:35 
 Re: No comment  nouveau
amysof 2006-02-27 11:10:18 
 Re: Quel est le propos ?  nouveau
Tin Hinan 2001-09-03 11:23:24 

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